Le Métier de Gériatre

Le CNP

Définition de la Médecine Gériatrique

Définition de l’Union Européenne des Médecins Spécialistes (UEMS)

La Médecine gériatrique est une spécialité médicale concernée par les affections physiques, mentales, fonctionnelles et sociales en soins aigus, chroniques, de réhabilitation, de prévention et en fin de vie des malades âgés. Ce groupe de patients est considéré comme présentant une fragilité importante et de multiples pathologies évolutives requérant une approche globale. Les affections peuvent se présenter différemment avec l’âge avancé, et leur diagnostic est souvent difficile, la réponse au traitement retardée et le besoin de soutien médico-social nécessaire.

La médecine gériatrique, dépasse ainsi la médecine d’organe et offre des soins supplémentaires au sein d’équipes pluridisciplinaires, dans l’objectif essentiel d’optimiser l’état fonctionnel des malades âgés et d’améliorer la qualité de vie et l’autonomie.

La médecine gériatrique n’est pas définie spécifiquement par l’âge [des patients pris en charge] mais doit faire face à la morbidité spécifique des personnes âgées. La plupart des patients ont plus de 65 ans, mais les principaux défis de la spécialité de médecine gériatrique concernent plus particulièrement le groupe des 80 ans et plus.

Définition empruntée au rapport « un Programme pour la gériatrie » 

Le patient gériatrique n’est pas seulement un patient âgé

Si la demande en soins hospitaliers doit augmenter significativement au cours des prochaines années pour les patients âgés de 75 ans et plus, il convient de préciser que cette demande concernera une population de patients relativement hétérogène. Il est ainsi classique de distinguer deux typologies de patients de plus de 75 ans aux besoins spécifiques :

  1. les patients mono ou pauci pathologiques et
  2. les patients dits « gériatriques

1/ Les patients de 75 ans et plus indemnes de pathologies chroniques invalidantes, hospitalisés pour une pathologie d’organe dominante facilement identifiable. Ces patients doivent bénéficier des services de court séjour relevant de la spécialité concernée par l’affection motivant le recours à l’hôpital. Cependant, en raison de la vulnérabilité liée à leur âge ils peuvent démasquer à l’occasion de cette affection une pathologie sous-jacente ou accuser une perte d’autonomie fonctionnelle. Ceci justifie qu’ils puissent bénéficier au cours de leur séjour d’une évaluation gériatrique pouvant nécessiter le recours à une équipe mobile de gériatrie.

2/ Les patients de 75 ans et plus dits « gériatriques » se caractérisant par la coexistence de plusieurs pathologies chroniques invalidantes à l’origine d’une dépendance physique et/ou psychique et par l’intrication fréquente des pathologies neuro dégénératives et somatiques. Ces patients sont hospitalisés en raison de l’aggravation d’une de ces pathologies ou de la survenue d’une affection aiguë.

Les modes de présentation volontiers atypiques de ces affections n’orientent pas d’emblée vers une pathologie d’organe précise exposant au risque d’une orientation inadéquate en service de spécialité. La poly-pathologie caractérisant ces patients explique le plus grand risque d’instabilité et de défaillance ou de multi défaillance d’organes lors de l’affection aiguë ayant nécessité l’hospitalisation.

3/ Le cas particulier des patients de 75 ans et plus « chirurgicaux ». Le nombre de patients de cette tranche d’âge admis en chirurgie devrait augmenter parallèlement à la proportion des patients de 75 ans et plus hospitalisés. En raison de leur vulnérabilité particulière et des risques de décompensation pouvant se révéler dans la période postopératoire, ces patients doivent pouvoir bénéficier en préopératoire et en postopératoire d’une évaluation gériatrique pouvant nécessiter le recours à une hospitalisation de jour gériatrique ou à une équipe mobile de gériatrie. Compte tenu de la fréquente réduction de leurs capacités fonctionnelles préexistantes à l’intervention et souvent aggravée dans les suites opératoires, le recours à des soins de suite et réadaptation appropriés doit être facilité. Ces spécificités rendent compte de durées d’hospitalisation souvent plus longues et argumentent en faveur d’un soin gériatrique et d’une organisation hospitalière adaptés à cette typologie de patients.

Le patient gériatrique justifie une approche particulière, à la fois globale et continue

La fréquence de la poly-pathologie justifie une approche globale et intégrée, reposant sur la gestion de la poly-pathologie et des comorbidités et la gestion de la « complexité » médico-psycho-socio-environnementale.

L’approche globale a pour finalité la prise en compte des troubles affectant la sphère cognitive, les troubles affectifs et comportementaux, les morbidités somatiques, la prévention des pathologies nosocomiales et iatrogènes (ne pas nuire) et la prévention de la maltraitance.

La fréquence des situations d’instabilité et de décompensations et la plus lente récupération fonctionnelle après la survenue d’une affection médicale ou chirurgicale, justifie une approche continue du soin intégrant la réadaptation et réhabilitation fonctionnelle, soit immédiatement dès la phase aiguë, soit dans la continuité du soin aigu.

Le patient gériatrique relève d’une filière de soins

  • Les spécificités de l’offre sanitaire et médico-sociale

L’offre sanitaire et médico-sociale doit être adaptée au caractère le plus souvent évolutif des besoins de patients atteints d’affections chroniques d’aggravation progressive, source d’incapacités fonctionnelles et de désavantages, aggravées par la prévalence élevée de pathologies intercurrentes.

Cette offre doit à la fois permettre de prévenir les situations de crise médicosociales par une évaluation régulière des besoins individuels, s’appuyer sur une approche holistique bio-médico-psycho-sociale et assurer une prise en soins continue. S’adressant très fréquemment au patient et à son aidant naturel, cette offre implique une prise en charge pluri-professionnelle en interdisciplinarité organisée dans le cadre d’un réseau de soins de proximité multi partenarial et d’une filière hospitalière.

Les dispositifs sanitaires et médico-sociaux requis pour atteindre ces objectifs sont de quatre ordres : des services de soins et d’aide à la personne, des lieux d’évaluation et de répit pour les aidants, des lieux d’investigation et de gestion des situations de crise, et des structures de coordination interfacées

  • Les spécificités de l’offre hospitalière gériatrique 

Afin de répondre aux besoins spécifiques des patients « gériatriques », l’offre hospitalière doit comporter différentes unités fonctionnelles organisées en filière de soins :

  • pôle d’évaluation pluridisciplinaire : consultation gériatrique et/ou hôpital de jour gériatrique
  • court séjour gériatrique
  • soins de suite et réadaptation appropriés aux patients gériatriques
  • équipe mobile de gériatrie
  • soins de longue durée

Le métier de gériatre

Neuf types d’activités requérant une compétence en gériatrie et donc dévolues aux médecins spécialistes en gériatrie ont été identifiés. Ces 9 types d’activité correspondent à 9 segments de prise en charge inscrits dans le parcours de soins du patient gériatrique. Ils définissent les contours du métier de gériatre. Certains de ces segments correspondent aux activités exercées au sein de la filière hospitalière, d’autres aux activités exercées au sein des établissements médico-sociaux, des réseaux de santé ou de secteur ambulatoire.

L’individualisation d’un segment de « psychogériatrie » se justifie par l’identification déjà ancienne d’unités de psychogériatrie et plus récente d’unités cognitivo-comportementales (mesure 17 du Plan Alzheimer) au sein des structures gériatriques. La pratique de ces 9 activités exige un socle de compétences communes et l’acquisition de compétences spécifiques à chacune d’entre elles.

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